Que s’est-il passé chez Lactalis ?

Tout est parti de l’usine de Craon (Mayenne) . Dans cette laiterie, la seule du groupe qui fait de la poudre de lait, la production est à l’arrêt depuis le 8 décembre 2017. Aucun salarié ne voulait parler. « On n’a eu aucune information en interne », lâchait un cadre. Seul un communiqué de la direction qui « expliquait que ce n’était pas de sa faute, que le sol était sale. En creux, Lactalis disait : c’est de la faute des salariés »,
Lactalis avait bien trouvé des « traces de salmonelle » lors de ses autocontrôles en août et novembre 2017 : sur le sol, sur un balai… La firme n’a pas prévenu les autorités.
Pourtant, l’usine de Craon, alors Celia, avait déjà eu des contaminations à la salmonelle en 2005 : 141 nourrissons avaient été touchés. Selon le centre national de référence de l’Institut Pasteur à Paris, questionné par « la Revue de l’industrie agroalimentaire » : « La salmonelle de 2017 dérive de celle de 2005. » Le rapport de l’Institut de veille sanitaire, à la suite de cette contamination, révélait que à l’époque, « tous les autocontrôles réalisés en routine par l’entreprise étaient négatifs » … Il recommandait donc d’aller au-delà des contrôles légaux, en doublant le nombre d’échantillons tests. Lactalis l’a-t-il fait ? Selon l’Institut Pasteur, des travaux auraient réactivé et disséminé la bactérie dans la tour de séchage puis dans les produits.
LE SCANDALE EN DATE
- 141 nourrissons malades après avoir consommé du lait infantile contaminé à la salmonelle sorti de l’usine de Craon.
- 1er décembre 2017. Lactalis est alerté par les autorités. 20 bébés ont été hospitalisés pour salmonellose.
- 2 décembre. La direction générale de la santé procède au retrait de 12 lots.
- 8 décembre. L’usine de Craon est arrêtée sur décision du préfet.
- 10 décembre. Après 5 nouvelles contaminations, le gouvernement publie une liste de 600 laits interdits.
- 21 décembre. 720 lots sont rappelés.
- 22 décembre. Une enquête préliminaire est ouverte pour « mise en danger de la vie d’autrui », « blessures involontaires » et « tromperie aggravée » par le « danger pour la santé humaine ».
- 5 janvier 2018. Dépôt collectif de plaintes de l’association des familles victimes du lait contaminé.
- 10 janvier. Des distributeurs reconnaissent avoir continué à commercialiser des boîtes retirées.
- 13 janvier. Rappel de toute la production de Craon, soit 12 millions de boîtes dans 83 pays…